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Août 2006
Au Viêt-Nam, nous voilà plongés au cœur d’un pays qui a tristement fait la Une des quotidiens occidentaux pendant les années de guerre du siècle passé. Aujourd’hui, la Nation tout entière semble se réveiller d’une léthargie millénaire et ne fait pas exception aux sirènes du consumérisme et du langage uniformisant de la mondialisation.
Pour autant, le Viêt-Nam n’a pas vendu son âme au diable. Il a su, là au contraire, et à contre-vent, un peu comme le saumon lorsqu’il revient à la source du torrent, ne pas tourner le dos à ses traditions et à ses deux grandes valeurs : la terre et la poésie. En avril dernier, l’association A.V.E.C. a été un acteur central dans l’élaboration d’un projet solidaire en milieu scolaire dans la commune de Hoa Hai (District de Ngu Hanh Son, Province de Da-Nang) dans un dispensaire/orphelinat tenu par une association française.
L’idée de s’impliquer et d’impliquer des jeunes dans une éducation à la coopération et à la solidarité internationale demeure une valeur forte, et j’allais dire une "raison d’être", de notre association.
C’est la raison pour laquelle une charte éthique a été votée en assemblée générale ordinaire le 24 juin dernier afin de poser un cadre moral à l’ensemble de notre action, présente et future, ici et là-bas. Beaucoup plus qu’un "gadget" supplémentaire, il nous est apparu fondamental d’inscrire celle-ci dans la vision que nous avions des échanges dits nord-sud car l’évoquer est une chose, l’inscrire en principe une autre...
Et puis, faut-il insister mais le Viêt-Nam de Marguerite Duras est autant celui de Ho Chi Minh, d’Alexandre Yersin autant celui d’Alexandre de Rhodes, de l’occidental amoureux des paysages autant de l’homme d’affaires nippon, de la paysanne de Mai Chau autant celui du bonze de la rivière des parfums...
Mais si le Viêt-Nam a su se donner généreusement à toutes ces femmes et tous ces hommes, il y a bien une chose qu’il n’a pas su donner. Qu’il n’a pas pu donner. Qu’il n’a pas voulu donner. C’est la terre. Vous aurez beau vous y prendre très tôt, jamais vous ne pourrez la lui confisquer. Il ne reste qu’à "se perdre" comme l’écrit Duras, dans ce beau pays, vert et rieur, fragile et orgueilleux, et finalement très laborieux et poétique à la fois. C’est ce paradoxe vécu au quotidien qui fait dire que le Viêt-Nam est bel et bien un pays qui a une âme.
Et elle, elle n’est pas à vendre.